Le vieil homme entend la cloche sonner. Ce son strident frappe sur ses tympans à la manière du gong. Il ouvre un premier oeil. Ses paupières collées se détachent l'une de l'autre. Il peut presque entendre le craquement des mucus accumulés durant la nuit. Le rayons de lumière du néon allumé, traverse sa pupille qui se dilate bientôt un maximum. Ouille! Percutant sa rétine, le faisceau de lumière lui crée bientôt un mal de tête comme à presque tous les matins.
Il doit malgré tout, se lever. Chaque mouvement effectué, accélère son rythme cardiaque. Il ne peut empêcher son poul de frapper à l'intérieur de sa tête. Il doit prendre des cachets si il veut passer à travers sa journée. L'énergie lui manque pour demander au préposé de lui en fournir. Il s'exécute tout de même, sans même lui faire un semblant de sourire. Il n'en a pas la force... Le préposé n'est pas surpris. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois qu'il verra ce regard. De toute façon, il n'a pas besoin de récompense pour se sentir utile.
Le vieil homme prend son manteau et fouille ses poches. Il pousse son portefeuille pour toucher le fond. Il ne sent que de la poussière et la couture. Il tâte l'autre poche pour enfin trouver ce qu'il cherchait. Il fait ses comptes... 1,27$. C'est suffisant pour un petit café au McDonald du coin.
Il boit le contenu de sa tasse chaude. Il en profite pour avaler les deux cachets. Il préfère attendre qu'ils fassent effet, avant de se présenter au travail. La tête veut lui exploser en ce moment et il ne pense pas être très productif si il commençait tout de suite. Les minutes s'écoulent... Ce qui se comparait à une migraine, devient un mal de tête supportable.
La récolte commence donc en fin d'avant-midi. Depuis le début de l'année, les profits de sa petite entreprise personnelle sont à la baisse. La récession a frappé dur et il doit travailler 2 fois plus d'heures pour la même rentabilité que l'an dernier. De plus, la concurrence est doublement plus féroce. La tarte a rapetisser, et les différents joueurs dans l'industrie sont plus nombreux.
Le temps prend son temps. Il regarde l'heure inscrite sur le panneau, coin Bleury et Ste-Catherine. Il tremble... Le difficile réveil de ce matin fait maintenant place à l'impatience du prochain verre. Ce n'est pas une bonne nouvelle. Ses résultats hebdomadaire chute drastiquement, lorsqu'il se met à consommer et il est encore tôt. Peu importe, il sort 20$ de ses poches et entre dans la société des alcools. Il balaie l'endroit du regard, comme si il se demandait ce qu'il allait bien choisir aujourd'hui. Pourtant, comme à chaque jours depuis 2 ans, 7 mois et 2 jours, exactement, il prend la même chose. Le jeune caissier regarde une jolie blonde par dessus l'épaule du vieil homme. Elle est accroupie près des étagères de spiritueux. Elle semble hésiter entre le Sour Puss ou le Malibu mais ce qui intéresse vraiment le jeune caissier, c'est le jolie string qui dépasse du jeans trop serré de la collégienne. Il remet donc le change sur le comptoir, sans adresser un mot ni regarder le vieil homme, et se précipite vers la jeune femme.
La journée n'a pas été bonne. Maintenant complètement bourré, le travail ne s'est pas fait aussi facilement qu'hier. Ça fait bientôt trop longtemps que son corps est hypothèqué et les effets commencent à s'en faire ressentir. Il ne se sent pas bien. Difficile d'expliquer ce qu'il a, mais il sait que ça ne va pas. Il va s'étendre, juste un petit instant, le temps que la douleur cesse de le tenailler. Ses narines s'ouvrent toujours un peu plus grandes, afin de laisser sortir ces émanations d'alcools qui empoisonnent son système. Il veut laisser la place à une air beaucoup plus pure. Instinctivement, il sort de sa poche, son portefeuille. Il sort la photo de sa fille et la contemple. Une larme ruissele jusque dans sa barbe, non taillée depuis des semaines. Il regrette. Il regrette de ne pas avoir été à la hauteur depuis le divorce. Mais il est trop tard.
Chantal Gagnon presse le pas quand elle traverse le parc à une heure si tardive. Elle n'habite pas le quartier le plus cossu de Montréal. En marchant, elle croise du regard ce vieux robineux qui dort sur ce banc, à l'occasion. Elle a contacté la police à plusieurs reprises pour qu'ils surveillent l'endroit, mais ce robineux se fout éperdumment d'un constat d'infraction de plus ou de moins. De toute façon, cet imbécile à la barbe hirsute, sentant les restant de vomissure de la veille, passant ses journées à quêter auprès des honnêtes citoyens qui sont écoeurés d'être confronté à la laideur de la société dans laquelle ils vivent, n'embêtera plus Chantal. Elle peut maintenant dormir sur ses deux oreilles. Bonne nuit Chantal.
samedi 13 février 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire